Les fashion victims de l'industrie textile

Méfie-toi des apparences ! Car les victimes de la mode ne concernent pas seulement les addicts qui, au rythme des saisons, dépensent frénétiquement pour s'arracher les dernières nouveautés. Au-delà des consommateurs·rices obsédé·s par leur look tendance, figure tout un éventail de personnes qui sont en proie  sans le savoir ou pas – à une mode féroce et pleine d'accro(c)s. Ainsi, les divers profils de fashion victims se retrouvent dans chacune des étapes de la grande industrie textile, depuis la production des vêtements jusqu'à leur achat. Bref, que l'on soit fashionista ou pas, tout le monde est concerné par ce système aussi vaste qu'impitoyable. D'ailleurs, sais-tu exactement quel genre de fashion victim tu pourrais être ? Pour le savoir, découvre au fil de cet article, les différents portraits… 

Les fashion victims directes de la mode à bas prix 

LES OUVRIERSÈRES DE LA PRODUCTION TEXTILE DE MASSE 

Tu t’en doutes, les travailleurs·euses de ce secteur sont les premiers à être exposé·e·s aux composés toxiques utilisés pour la confection de vêtements de marque ou bas de gamme. Et dans certains pays, il arrive que ces petites mains soient celles des bambins. Quoi qu’il en soit, les ouvriers et ouvrières de l’ombre travaillent majoritairement sans protection, dans des conditions insalubres et ils/elles sont parfois victimes d’accidents. On se souvient, entre autres, de l’explosion d’une industrie textile au Bangladesh en 2017, faisant des dizaines de mort·e·s et de blessé·e·s. 


Un enfant travaillant dans un atelier textile à Delhi. Février 2008, Inde.
Un enfant travaillant dans un atelier textile à Delhi. Février 2008, Inde.
© Source image : photographie de « paulprescott ».

LES POPULATIONS LOCALES SITUÉES À PROXIMITÉ DES USINES TEXTILES 

Outre les personnes travaillant dans ces usines vétustes et sans réglementations sanitaires, les populations locales représentent également des victimes collatérales. En vivant à proximité des eaux usées et contaminées par la production de vêtements toxiques, les villageois·e·s subissent de plein fouet les conséquences sanitaires et environnementales.

En utilisant les eaux souillées des cours d’eau pour l’agriculture et les besoins de la vie quotidienne (alimentation, cuisine, hygiène), les habitant·e·s sont exposé·e·s à des risques majeurs. À l’heure actuelle, les études et les acteurs·rices (médecins, associations, organisations) peinent à démontrer la responsabilité des usines textiles. Pourtant, le développement de maladies et les cas de malformations sont bel et bien visibles.

à Cocoricoooo
! Certaines marques françaises comme Bhangara, N’go Shoes et Perus sont de véritables exemples en matière de mode éthique. Grâce à leur collaboration avec des ateliers étrangers et réglementés, les personnes sont rémunérées à leur juste valeur tout en travaillant de manière sécurisée et sereine.

Les autres cibles prises dans la toile de la fast fashion


LES SALARIÉES DE L'IMPORT-EXPORT


Hormis les ouvriers et ouvrières du textile figurent d'autres personnes qui sont amenées à être en contact, plus ou moins direct, avec les vêtements comportant des substances nocives. Il s'agit du personnel œuvrant dans les zones de transit des marchandises comme les ports. Eh oui, après la fabrication effrénée des habits, vient le temps des innombrables transports.

Ces derniers sont réalisés à l'échelle internationale afin de commercialiser tous les produits stockés dans de vastes conteneurs. Des monstres d'acier renfermant des tonnes d'articles toxiques. En les transitant de plateforme en plateforme, il n'est pas rare que les salarié·inhalent, sur leurs lieux de travail, des vapeurs nocives provenant des conteneurs. Bref, eux/elles aussi sont exposé·s aux dangers de cette mode éphémère. 
 

LES CONSOMMATEURS•RICES D'HABITS TOXIQUES

Enfin, tout au bout de la chaîne de ce vaste système, il y a… toi, nous, c’est-à-dire les consommateurs·rices qui, parfois, se révèlent être de véritables addicts au shopping. En effet, les grandes enseignes de la fast fashion savent parfaitement séduire leur clientèle grâce à des petits prix attractifs. Une astuce permettant d’éviter les remords de leurs client·e·s et d’inciter à consommer plus que nécessaire. Et là, ça y est, nous voilà empêtré·e·s dans les filets de la surconsommation. 

« Le problème, c’est qu’on nous a inoculé le virus de la nouveauté. […] Nous sommes des drogués de la nouveauté. »


Citation de Gilles LIPOVETSKY – professeur agrégé de philosophie et essayiste – extraite du documentaire Arte Fast fashion : les dessous de la mode à bas prix, 2021.

Des consommateurs et consommatrices s’empressent dans une boutique parisienne dès l’ouverture des soldes à minuit. Octobre 2018.

Des consommateurs∙rices s’empressent dans une boutique parisienne dès l’ouverture des soldes à minuit. Octobre 2018.
© Source image : Maxppp - O. CORSAN/LE PARISIEN

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la mode jetable à bas prix n’est pas du tout économique ! Pourquoi donc ? Tout simplement parce que les vêtements low cost sont fragiles et se détériorent rapidement, ce qui oblige les fashion victims à repasser à la caisse. Et comme tu le sais, le prix est encore plus cher payé lorsqu’il s’agit de ta santé. Parmi les plus exposé·e·s, figurent les sportifs et les bébés. Pendant que les premiers portent des vêtements aussi technologiques que toxiques, les seconds, quant à eux, ont tendance à mâchouiller leurs habits… nocifs.

S’ajoute à ce constat alarmant, le fait que les doses des produits chimiques utilisés soient parfois hautement supérieures aux normes fixées par les gouvernements. En plus des abus et des détournements de certaines usines européennes, les tissus et les vêtements proviennent souvent de pays où les normes sont très très différentes, voire inexistantes.

Les victimes insoupçonnées de la mode jetable : les livreurseuses à domicile 


À l’heure du 
« tout numérique » et des achats en ligne rapides, le nombre de livraisons à domicile a explosé ! Or, ce genre de service (souvent « gratuit » pour les acheteurs·euses) plonge les livreurs et les livreuses dans une précarité et une forme d'exploitation certaines. Tel est le cas, par exemple, en région parisienne où ces personnes sont nombreuses à devoir travailler dans l'urgence et surtout, dans la clandestinité avec leurs propres moyens. Hum... Pas vraiment classe tout ça.

C'est ainsi qu'au quotidien, ils/elles multiplient la livraison de colis à bord de leurs véhicules personnels, et ce, sans avoir de licence ni d'assurance. Le tout, en accumulant les frais d'essence et d'entretien à leur charge (source documentaire Arte
Fast Fashion  Les dessous de la mode à bas prix, 2021). Un scénario digne des Misérables du XXIe siècle ! Alors finalement, ne serions-nous pas face à une forme d'esclavagisme moderne ?


CE QU'IL FAUT RETENIR


Aujourd'hui, le modèle socio-économique bat à plate couture une grande partie de l'humanité. Ici, le capitalisme couplé à l'immense machine de l'industrie textile fait de nombreux dégâts humains. En témoigne ce défilé de fashion victims

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Les ouvriers·ères travaillant dans les industries textiles vétustes.
- Les populations locales installées à proximité des usines chimiques non réglementées.
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Les salarié·e·s de l'import-export œuvrant sur le terrain.
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Les livreurs·euses de colis à domicile.
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Les consommateurs·rices en ligne et dans les magasins.


D'un côté, le personnel, de l'autre, la clientèle comprenant des victimes accros aux opérations séduction lancées par les enseignes de mode. Mais, pour être à la mode, inutile d'être à la botte de la fast fashion. Non ! Pour être 
un·e véritable top model, il suffit de modifier ses habitudes de consommation en privilégiant la qualité à la quantité, et ce, sans prise de tête. Une philosophie du type « Hakuna Matata » qui permet de te préserver et de respecter celles et ceux qui confectionnent tes vêtements.

 Bref, pour « vivre [ton style] sans aucun souci », lance-toi dans l'art fantastique de s'habiller éthique !

 
Article rédigé par Oriane CHATELLIER, rédactrice web SEO.